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des deux sexes ; elle est telle que, pour quatorze hommes, on compte à peine une femme. Le mariage avec un condamné gracié ou libéré, procurant l’émancipation immédiate, la première chose que cherchent les femmes déportées à leur arrivée au dépôt de Paramatta, c’est à se faire épouser par un homme qui remplisse cette condition. Elles prennent souvent ainsi un vieillard, un misérable, qu’elles quittent au bout de quelques jours, pour se rendre à Sydney, où elles peuvent se livrer impunément à tous les excès. Il en résulte qu’entourées d’exemples corrupteurs, les filles qui naissent de ce commerce se livrent dès l’âge le plus tendre à la prostitution.

De ces faits accidentellement révélés par les enquêtes sur l’état du pays, par les discussions parlementaires, il résulte que la colonisation est loin de réagir, comme on l’a cru trop légèrement, sur le moral des condamnés ; elle est d’ailleurs aujourd’hui reconnue à peu près impraticable pour la France. La première, la principale objection, c’est le manque absolu d’un endroit propre à la déportation ; car former un établissement à Sainte-Marie de Madagascar, la seule des possessions françaises qui pût convenir pour cet objet, ce serait envoyer à une mort à peu