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chaque instant ils le contraignaient à profaner son ancien caractère par des paroles impies ; et à force de réitérer ses sacrilèges, il parvint à s’émanciper ; plus tard, il était devenu cantinier du bagne ; on l’appelait toujours Monseigneur, mais on ne lui demandait plus l’absolution, il eût répondu par des blasphèmes !

C’est dans les jours de repos surtout que le récit de crimes souvent imaginaires, des rapports intimes, des complaisances infâmes, achèvent de pervertir l’homme que le châtiment d’une première faute expose à ce contact impur. Pour en neutraliser les effets, on a proposé de renoncer au système des bagnes. D’abord, tout le monde était d’accord sur ce point, mais lorsqu’il s’est agi de déterminer un autre mode de punition, les avis se sont trouvés singulièrement partagés : les uns ont proposé des prisons pénitentiaires, à l’instar de celles de la Suisse et des États-Unis ; les autres, et c’est le plus grand nombre, ont réclamé la colonisation, en s’étayant des heureux résultats et de la prospérité des établissements anglais de la Nouvelle-Galles, plus connus sous le nom de Botany-Bay. Examinons si la France est appelée à jouir de ces heureux résultats et de cette prospérité.