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pesaient jusqu’à dix-huit livres ; en partant de Morlaix, j’avais creusé l’un de ces pains, et j’y avais introduit une chemise, un pantalon et des mouchoirs : c’était là une valise d’un nouveau genre, on ne la visita pas. Le lieutenant Thierry ne m’avait pas désigné à une surveillance spéciale ; loin de là, instruit des motifs de ma condamnation, il avait dit en parlant de moi au commissaire, qu’avec des hommes aussi tranquilles, on conduirait la chaîne comme un pensionnat de demoiselles. Je n’inspirais donc aucune défiance : j’entrepris d’exécuter mon projet. Il s’agissait d’abord de percer le mur de la salle où nous étions enfermés : un ciseau d’acier oublié sur le pied de mon lit par un sbire forçat, chargé de river les manicles, me servit à pratiquer une ouverture, tandis que Blondy s’occupait de scier mes fers. L’opération terminée, mes camarades fabriquèrent un mannequin qu’ils mirent à ma place, afin de tromper la vigilance des argousins de garde, et bientôt, affublé des effets que j’avais cachés, je me trouvai dans la cour du dépôt. Les murs qui en formaient l’enceinte n’avaient pas moins de quinze pieds d’élévation ; je vis que pour les