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dépôt du bagne, où les condamnés font une sorte de quarantaine jusqu’à ce qu’ils se soient remis de leur fatigue, et qu’on ait reconnu qu’ils ne sont pas atteints de maladies contagieuses. Dès notre arrivée, on nous fit laver deux à deux dans de grandes cuves pleines d’eau tiède : au sortir du bain, on nous délivra des habits. Je reçus comme les autres une casaque rouge, deux pantalons, deux chemises de toile à voile, deux paires de souliers, et un bonnet vert : chaque pièce de ce trousseau était marquée de l’initiale GAL, et le bonnet portait de plus une plaque de fer-blanc, sur laquelle on lisait le numéro d’inscription au registre matricule. Quand on nous eut donné des vêtements, on nous riva la manicle au pied ; mais sans former les couples.

Le dépôt de Pont-à-Lezen était une sorte de lazaret, la surveillance n’y était pas très rigoureuse ; on m’avait même assuré qu’il était assez facile de sortir des salles, et d’escalader ensuite les murs extérieurs. Je tenais ces indications d’un nommé Blondy qui s’était déjà évadé du bagne de Brest : espérant les mettre à profit, j’avais tout disposé pour être prêt à saisir l’occasion. On nous donnait parfois des pains qui