cessaires pour percer le carreau du Fort-Mahon, et dès lors on le laissa lui et son camarade en repos.
Nous passâmes la nuit sur la paille, dans l’église alors transformée en magasin. Les argousins faisaient des rondes fréquentes, pour s’assurer que personne ne s’occupait à jouer du violon (scier ses fers). Au jour, tout le monde fut sur pied : on fit l’appel, on visita les fers ; à six heures, nous étions placés sur de longues charrettes, dos à dos, les jambes pendantes à l’extérieur, couverts de givre et transis de froid. Il n’en fallut pas moins, arrivés à Saint-Cyr, nous dépouiller entièrement, pour subir une visite qui s’étendit aux bas, aux souliers, aux chemises, à la bouche, aux oreilles, aux narines et à d’autres endroits plus secrets encore. Ce n’étaient pas seulement des limes en étui que l’on cherchait, mais des ressorts de pendule, qui suffisaient à un prisonnier pour couper ses fers en moins de trois heures de temps. La visite dura près d’une heure ; c’est vraiment un miracle que la moitié d’entre nous n’aient pas eu le nez ou les pieds gelés. À la couchée, on nous entassa dans les étables à bœufs, où nous étions tellement serrés, que le corps de l’un servait d’oreiller à celui qui venait après ; s’em-