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Dans cette épouvantable position, Desfosseux attendait avec impatience que le fou fût endormi, pour sortir par le guichet ; vers minuit, ne l’entendant plus remuer, il s’avance, passe un bras, la tête…, on le saisit par une jambe ; c’est le fou, qui, d’un bras vigoureux, le rejette sur la paille, et se place devant le guichet où il reste jusqu’au jour, immobile comme une statue. La nuit suivante, nouvelle tentative, nouvel obstacle. Desfosseux, dont la tête commence à se détraquer, veut employer la force ; une lutte terrible s’engage, et Desfosseux, frappé de coups de chaîne, couvert de morsures et de contusions, est forcé d’appeler les gardiens. Ceux-ci, le prenant d’abord pour un de leurs administrés qui se serait fourvoyé, veulent aussi le mettre en loge, mais il parvient à se faire reconnaître, et obtient enfin la faveur d’être ramené avec nous.

Nous restâmes huit jours au cachot, après quoi je fus mis à la Chaussée, où je retrouvai une partie des détenus qui m’avaient si bien accueilli à mon arrivée. Ils faisaient grande chère, et ne se refusaient rien ; car, indépendamment de l’argent provenant des lettres de Jérusalem, ils en recevaient encore des femmes qu’ils avaient connues,