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trouble où m’avait jeté cette expédition, je marchai d’abord vite, de sorte qu’en arrivant à Lens j’étais déjà excédé de fatigue ; je m’arrêtai. Une voiture de retour vint à passer, j’y pris place, et en moins de trois heures j’arrivai dans la capitale de la Flandre française, d’où je partis immédiatement pour Dunkerque, pressé que j’étais de m’éloigner le plus possible pour me dérober à la poursuite.

J’avais l’intention d’aller faire un tour dans le Nouveau-Monde. La fatalité déjoua ce projet : le port de Dunkerque était désert ; je gagnai Calais, afin de m’embarquer sur-le-champ ; mais on me demanda un prix qui excédait la somme que je possédais. On me fit espérer qu’à Ostende le transport serait meilleur marché, vu la concurrence ; je m’y rendis, et n’y trouvai pas les capitaines plus traitables qu’à Calais. À force de désappointements j’étais tombé dans cette disposition aventureuse où l’on se jette volontiers dans les bras du premier venu, et je ne sais trop pourquoi je m’attendais à rencontrer quelque bon enfant qui me prendrait gratis à son bord, ou du moins ferait un rabais considérable en faveur de ma bonne mine, et de l’intérêt qu’inspire toujours un jeune homme. Tandis que j’étais