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battais tout le monde, que je voulais tout casser et briser dans la maison, et que si l’on me laissait faire, il y aurait au moins pour 100 fr. de dégât, qu’il faudrait ensuite payer.

En ce moment, ma mère, assise dans son fauteuil, était à tricoter ; son bas lui échappe des mains ; elle se lève précipitamment et court tout effarée au lieu de la prétendue scène, qu’on avait eu le soin de lui indiquer à l’une des extrémités de la ville. Son absence ne devait pas durer long-temps : nous nous hâtâmes de la mettre à profit. Une clef que j’avais escamotée la veille nous servit à pénétrer dans la boutique. Le comptoir était fermé ; je fus presque satisfait de rencontrer cet obstacle. Cette fois, je me rappelai l’amour que me portait ma mère, non plus pour me promettre l’impunité, mais pour éprouver un commencement de remords. J’allais me retirer, Poyant me retint, son éloquence infernale me fit rougir de ce qu’il appelait ma faiblesse, et lorsqu’il me présenta une pince dont il avait eu la précaution de se munir, je la saisis presque avec enthousiasme : la caisse fut forcée ; elle contenait à peu près deux mille francs, que nous partageâmes, et une demi-heure après j’étais seul sur la route de Lille. Dans le