qu’arriva le jour de notre jugement, que mes évasions réitérées et celles de Grouard, qui s’enfuyait au moment où l’on me reprenait, faisaient différer depuis huit mois. Les débats s’ouvrent, et je me vois perdu : mes coaccusés me chargeaient avec une animosité qui s’expliquait par mes révélations tardives, bien qu’elles m’eussent été inutiles, et qu’elles n’eussent nullement aggravé leur position. Boitel déclare se rappeler que je lui ai demandé combien il donnerait pour être hors de prison ; Herbaux convient d’avoir fabriqué le faux ordre, sans y avoir toutefois apposé les signatures ; mais il ajoute que c’est sur mon défi qu’il l’a confectionné, et je m’en suis aussitôt emparé, sans que lui, Herbaux, y attachât la moindre importance. Les écrivains-jurés déclaraient du reste que rien n’indiquait que j’eusse coopéré matériellement au crime ; toutes les charges élevées contre moi se bornaient donc à l’allégation sans preuves que j’avais fourni ce malheureux cachet. Cependant Boitel, qui reconnaissait avoir sollicité le faux ordre, Stofflet, qui l’avait apporté au concierge, Grouard qui avait au moins assisté à toute l’opération, sont acquittés, et l’on nous condamne, Herbaux et moi, à huit ans de fers.
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