Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manière à la barricader ; puis on se mit à l’ouvrage avec tant d’ardeur, que le jour nous surprit, lorsque le trou, large de six pieds, à l’orifice, n’en avait que deux à son extrémité. Bientôt arriva le geôlier avec les rations ; trouvant de la résistance, il ouvrit le guichet et entrevit l’amas de briques ; son étonnement fut extrême. Il nous somma cependant d’ouvrir : sur notre refus, la garde arriva, puis le commissaire des prisons, puis l’accusateur public, puis des officiers municipaux revêtus d’écharpes tricolores. On parlementa : pendant ce temps-là, un de nous continuait à travailler dans le trou, que l’obscurité ne permettait pas d’apercevoir. Peut-être allions-nous échapper avant qu’on n’eût forcé la porte, quand un événement imprévu vint nous enlever ce dernier espoir.

En venant donner à manger aux lapins, la femme du concierge remarqua des gravats nouvellement tombés sur le carreau. Dans une prison, rien n’est indifférent : elle examina soigneusement la muraille, et bien que les dernières briques eussent été replacées de manière à masquer le trou, elle reconnut qu’elles avaient été disjointes : elle crie, la garde arrive ; d’un coup de crosse on dérange l’édifice de nos bri-