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cargue d’un brick suédois, qui me promit de me prendre à son bord.

En attendant le moment du départ, mon nouvel ami me propose de l’accompagner à Saint-Omer, où il allait traiter d’une forte partie de biscuit. Sous mes habits de marin, je ne devais pas craindre d’être reconnu : j’acceptai ; il ne m’était d’ailleurs guère possible de refuser à un homme auquel j’allais avoir tant d’obligations. Je fis donc le voyage, mais mon caractère turbulent ne m’ayant pas permis de rester étranger à une querelle qui s’éleva dans l’auberge, je fus arrêté comme tapageur, et conduit au violon. Là on me demanda mes papiers ; je n’en avais pas, et mes réponses ayant fait présumer que je pouvais être un évadé de quelque prison des environs, on me dirigea le lendemain sur la maison centrale de Douai, sans que je pusse même faire mes adieux au subrécargue, qui dut être bien étonné de l’aventure. À Douai, l’on me déposa de nouveau dans la prison de l’Hôtel-de-Ville ; le concierge eut d’abord pour moi quelques égards ; ses attentions ne furent pas toutefois de longue durée. À la suite d’une querelle avec les guichetiers, dans laquelle je pris une part trop active, on me jeta dans un cachot noir,