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mide, qu’en vingt minutes la paille qu’on m’avait jetée était humide comme si on l’eût trempée dans l’eau.

Je restai huit jours dans cette effroyable position, et l’on ne se décida à me réintégrer dans la prison ordinaire que lorsque l’on eut la certitude qu’il était impossible que j’eusse rendu le cachet par les voies ordinaires. En apprenant cette nouvelle, je feignis, comme cela se pratique toujours en pareil cas, d’être excessivement faible, et de pouvoir supporter à peine l’éclat du grand jour. L’insalubrité du cachot rendait cette disposition toute naturelle ; les gendarmes donnèrent donc complètement dans le panneau, et poussèrent la complaisance jusqu’à me couvrir les yeux d’un mouchoir ; nous partons en fiacre. Chemin faisant, j’abats le mouchoir, j’ouvre la portière avec cette dextérité qui n’a point encore rencontré d’égale, et je saute dans la rue ; les gendarmes veulent me suivre, mais embarrassés dans leurs sabres et dans leurs bottes fortes, ils sortent à peine de la voiture, que j’en suis déjà loin. Je quitte aussitôt la ville, et toujours décidé à m’embarquer, je gagne Dunkerque avec l’argent que venait de me faire passer ma mère. Là, je fais connaissance avec le subré-