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fut arrêtée, toute travestie, au moment où elle partait pour une nouvelle expédition.

Le plus jeune des Duhesme portait dans la semelle de ses souliers une lame de couteau, qu’il avait trouvé moyen d’y cacher, dans le trajet de Bailleul à Douai. Informé que je connaissais parfaitement les êtres de la prison, il me fit part de cette circonstance, en me demandant s’il ne serait pas possible d’en tirer parti pour une évasion. J’y songeais lorsqu’un juge de paix, accompagné de gendarmes, vint faire la plus stricte perquisition dans notre chambre et sur nos personnes ; personne d’entre nous n’en connaissant le motif, je crus toutefois prudent de cacher dans ma bouche une petite lime qui ne me quittait jamais, mais un des gendarmes ayant vu le mouvement, s’écria : Il vient de l’avaler ! Quoi ? Tout le monde se regarde, et nous apprenons qu’il s’agit de retrouver un cachet qui avait servi à timbrer le faux ordre de mise en liberté de Boitel. Soupçonné, comme on vient de le voir, de m’en être emparé, je suis transféré à la prison de l’Hôtel-de-Ville, et mis au cachot, enchaîné de manière que ma main droite tenait à la jambe gauche, et la main gauche à la jambe droite. Le cachot était de plus tellement hu-