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nous sommes enfermés dans un cachot donnant sur le même corridor.

Cette catastrophe me jeta dans des réflexions assez tristes, dont je fus bientôt tiré par la voix de Desfosseux. Il me dit en argot que rien n’était désespéré, et que son exemple devait me donner du courage. Ce Desfosseux était, il est vrai, doué d’une force de caractère que rien ne pouvait dompter ; jeté demi-nu sur la paille, dans un cachot où il pouvait à peine se coucher, chargé de trente livres de fers, il chantait encore à gorge déployée, et ne songeait qu’au moyen de s’évader pour faire de nouveau quelque mauvais coup : l’occasion ne tarda pas à se présenter.

Dans la même prison que nous, se trouvaient détenus le concierge du Petit Hôtel de Lille et le guichetier Baptiste, accusés tous deux d’avoir favorisé mon évasion à prix d’argent. Le jour de leur jugement étant arrivé, le concierge fut acquitté ; mais on ajourna l’arrêt de Baptiste, le tribunal ayant réclamé un complément d’instruction, dans lequel je devais être entendu. Le pauvre Baptiste vint alors me voir, et me supplia de dire la vérité. Je ne donnai d’abord que des réponses évasives, mais Desfosseux m’ayant dit que cet homme pouvait nous servir,