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de placer ce mannequin dans l’attitude d’un homme endormi.

Après cinquante-cinq jours et autant de nuits d’un travail opiniâtre, nous touchions enfin au but ; il ne s’agissait plus que de déplacer une pierre et nous étions au bord de la rivière. Une nuit, nous nous décidâmes à tenter l’événement : tout paraissait nous favoriser ; le concierge avait fait sa tournée de meilleure heure qu’à l’ordinaire, et un brouillard épais nous donnait la certitude que le factionnaire du pont ne nous apercevrait pas. La pierre ébranlée cède à nos efforts réunis, elle tombe dans le souterrain ; mais l’eau s’y précipite en même temps, comme chassée par l’écluse d’un moulin. Nous avions mal calculé nos distances, et notre trou, se trouvant à quelques pieds au-dessous du niveau de la rivière, il fut en quelques minutes inondé. Nous voulûmes d’abord plonger dans l’ouverture, mais la rapidité du courant ne nous le permit pas ; nous fûmes même contraints d’appeler du secours, sous peine de rester dans l’eau toute la nuit. À nos cris, le concierge, les guichetiers accourent et restent frappés d’étonnement, en se voyant dans l’eau jusqu’à mi-jambe. Bientôt tout se découvre, le mal se répare, et