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« En ce cas, répond celui qui se trouvait dans le grenier, attendez que je vous ouvre la porte. » Il tourne en effet la clef dans la serrure ; en deux sauts je franchis les escaliers de l’Hôtel-de-ville, et je suis dans la rue, encore décoré de mes rubans tricolores, qui m’eussent fait arrêter de nouveau, si le jour n’eût pas été sur son déclin.

J’étais à peine dehors, que le geôlier qui ne me perdait jamais de vue, demanda : « Où est Vidocq ? » On lui répondit que j’étais à faire un tour de cour ; il voulut s’en assurer par lui-même, mais ce fut en vain qu’il me chercha, en m’appelant à grands cris dans tous les coins de la maison ; je n’avais garde de répondre : une perquisition officielle n’eut pas plus de succès, aucun ne m’avait vu sortir. On put s’assurer bientôt que je ne me trouvais plus en prison, mais comment étais-je parti ? Voilà ce que tout le monde ignorait jusqu’à Francine, qui assurait le plus ingénument du monde ne savoir où j’étais passé, car elle m’avait apporté le ruban sans connaître l’usage que j’en voulais faire. Elle fut cependant consignée ; mais cette mesure ne fit rien découvrir, les soldats qui m’avaient laissé passer s’étant bien gardés de se vanter de leur prouesse.