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aux voiles, aux avirons, aux hamacs et aux tonneaux qui l’encombraient, on eût pris pour l’entrepont d’un navire. Du milieu de l’épaisse atmosphère de fumée qui l’environnait, il me regarda d’abord, avec une méfiance qui me parut de mauvais augure ; mes pressentiments se réalisèrent bientôt, car à peine lui eus-je fait mes offres de service qu’il tomba sur moi à grands coups de bâton. J’aurais pu certainement résister avec avantage, mais l’étonnement m’avait en quelque sorte ôté l’idée de me défendre. Je voyais d’ailleurs dans la cour une demi-douzaine de matelots et un énorme chien de Terre-Neuve, qui eussent pu me faire un mauvais parti. Jeté dans la rue, je cherchais à m’expliquer cette singulière réception, quand il me vint dans l’idée, que Peters pouvait m’avoir pris pour un espion, et traité comme tel.

Cette réflexion me décida à retourner chez un marchand de genièvre, auquel j’avais inspiré assez de confiance pour qu’il m’indiquât cette ressource ; il commença par rire un peu de ma mésaventure, et finit par me communiquer un mot de passe, qui devait me donner un libre accès auprès de Peters. Muni de ces instructions, je m’acheminai de nouveau vers le redoutable