gendarmes entrèrent, soutenant une femme… C’était Francine… Francine, pâle, défigurée, à peine reconnaissable. En me voyant, elle s’évanouit. Je voulus m’approcher d’elle. Les gendarmes me retinrent. On l’emporta. Je restai seul avec le juge d’instruction, qui me demanda si la présence de cette malheureuse ne me décidait pas à tout avouer. Je protestai de mon innocence, en assurant que j’ignorais jusqu’à la maladie de Francine. On me reconduisit en prison ; mais le secret fut levé, et je pus enfin espérer que j’allais connaître, dans tous ses détails, l’événement dont je me trouvais si singulièrement victime. Je questionnai le concierge ; il resta muet. J’écrivis à Francine ; on me prévint que les lettres que je lui adresserais seraient arrêtées au greffe. On m’annonça en même temps qu’elle était consignée à la porte. J’étais sur des charbons ardents : je m’avisai enfin de mander un avocat, qui, après avoir pris connaissance des pièces de la procédure, m’apprit que j’étais prévenu d’assassinat sur la personne de Francine… Le jour même où je l’avais quittée, on l’avait trouvée expirante, frappée de cinq coups de couteau, et baignée dans le sang. Mon départ précipité, l’enlèvement furtif de mes
Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/150
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.