dans un cabanon, où je reste seul, sur la paille, les fers aux pieds. Au bout de deux heures, paraît le concierge, qui, feignant de me plaindre et de prendre intérêt à moi, m’insinue que mon refus de déclarer où j’avais passé les cinq derniers jours pourrait me nuire dans l’esprit des juges. Je reste inébranlable. Deux heures se passent encore : le concierge reparaît avec un guichetier, qui m’ôte les fers, et me fait descendre au greffe, où je suis attendu par deux juges. Nouvel interrogatoire, même réponse. On me déshabille de la tête aux pieds ; on m’applique surabondamment sur l’épaule droite une claque à tuer un bœuf, pour faire paraître la marque, dans le cas où j’aurais été antérieurement flétri ; mes vêtements sont saisis, décrits dans le procès-verbal déposé au greffe ; et je remonte dans mon cabanon, couvert d’une chemise de toile à voiles et d’un surtout mi-partie gris et noir, en lambeaux, que pouvaient avoir usé deux générations de détenus.
Tout cela commençait à me donner à réfléchir. Il était évident que la couturière m’avait dénoncé ; mais dans quel intérêt ? Cette femme n’avait aucun grief contre moi ; malgré ses emportements, Francine y eût regardé à deux