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porta dans son manchon. Je les essayai aussitôt, ils m’allaient à merveille ; quelques détenus qui me virent sous ce costume assurèrent qu’il était impossible de ne pas s’y méprendre. Je me trouvais, il est vrai, de la même taille que l’officier dont j’allais jouer le rôle, et le grime me vieillissait de vingt-cinq ans. Au bout de quelques jours, il vint faire sa ronde ordinaire. Pendant qu’un de mes amis l’occupe, sous prétexte d’examiner les aliments, je me travestis à la hâte, et me présente à la porte : le guichetier me tire son bonnet, m’ouvre, et me voilà dans la rue. Je cours chez une amie de Francine, où je devais me rendre dans le cas où je parviendrais à m’évader, et bientôt elle-même vient m’y joindre.

J’étais là fort en sûreté si j’eusse pu me résoudre à m’y tenir caché, mais comment subir un esclavage presque aussi dur que celui de la Tour Saint-Pierre. Depuis trois mois que j’étais enfermé entre quatre murailles, il me tardait de dépenser une activité si longtemps comprimée. J’annonçai l’intention de sortir, et comme chez moi une volonté de fer était toujours auxiliaire des fantaisies les plus bizarres, je sortis. Une première excursion me réussit. Le lendemain, au moment où je traversais la rue Écré-