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un devoir de me porter des consolations. Francine l’apprend, sa jalousie s’éveille, elle congédie le désastreux capitaine, se désiste de la plainte qu’elle avait d’abord déposée en même temps que lui, et me fait supplier de la recevoir ; j’eus la faiblesse d’y consentir. Les juges ont connaissance de ce fait, qu’on envenime, en présentant la déconfiture du capitaine comme un guet-à-pens concerté entre moi et Francine ; le jour du jugement arrive, et je suis condamné à trois mois de prison.

Du Petit-Hôtel on me transféra à la tour Saint-Pierre, où j’obtins une chambre particulière qu’on appelait l’Œil de Bœuf. Francine m’y tenait compagnie une partie de la journée, et le reste du temps se passait avec les autres détenus. Parmi eux se trouvaient deux anciens sergents-majors, Grouard et Herbaux, ce dernier fils d’un bottier de Lille, tous deux condamnés pour faux, et un cultivateur nommé Boitel, condamné à six années de réclusion pour vol de céréales : ce dernier, père d’une nombreuse famille, se lamentait continuellement d’être enlevé, disait-il, à l’exploitation d’un petit bien que lui seul pouvait faire valoir avantageusement. Malgré le délit dont il s’était rendu cou-