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temps dans la rue, par la fenêtre près de laquelle nous dînions ; tout à coup je l’entendis s’écrier : « Parbleu, voilà mon homme du Rasphuys de Gand !!!… » Je regarde à mon tour… c’était Christian, marchant fort vite et d’un air très affairé. Je ne pus retenir une exclamation. Malgaret, profitant de l’espèce de trouble où m’avaient jeté ses révélations, n’eut pas de peine à me faire raconter comment je m’étais lié avec les Bohémiens. Me voyant bien déterminé à leur fausser compagnie, il me proposa de l’accompagner à Courtrai, où il avait, disait-il, à faire quelques bonnes parties. Après avoir retiré de mon auberge le peu d’effets que j’y avais apportés de chez la Duchesse, je me mis en route avec mon nouvel associé, mais nous ne trouvâmes pas à Courtrai les paroissiens que Malgaret y comptait rencontrer, et au lieu de leur argent, ce fut le nôtre qui sauta. Désespérant de les voir paraître, nous revînmes à Lille. Je possédais encore une centaine de francs ; Malgaret les joua pour notre compte, et les perdit avec ce qui lui restait ; j’ai su depuis qu’il s’était entendu pour me dépouiller, avec celui qui jouait contre lui. Dans cette extrémité, j’eus recours à mes connaissances : quelques maîtres d’armes, auxquels