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bourse d’un gros nourrisseur de bestiaux, que nous vîmes un instant après la chercher dans toutes ses poches de la meilleure foi du monde : le Bohémien entra ensuite dans une boutique de bijoutier, où se trouvaient déjà deux des Zélandaises de contrebande, et mon compagnon m’assura qu’il n’en sortirait qu’après avoir escamoté quelqu’un des bijoux qu’il faisait étaler devant lui. Nous quittâmes alors notre poste d’observation, pour aller dîner ensemble. Vers la fin du repas, voyant mon convive disposé à jaser, je le pressai de m’apprendre au juste quels étaient les gens qu’il m’avait signalés, l’assurant que, malgré les apparences, je ne les connaissais que très imparfaitement. Il se décida enfin à parler, et voici comment il s’expliqua :

« C’est dans la prison (Rasphuys) de Gand, où je passai six mois, il y a quelques années, à la suite d’une partie dans laquelle il se trouva des dés pipés, que j’ai connu deux hommes de la bande que je viens de retrouver à Malines ; nous étions de la même chambrée. Comme je me faisais passer pour un voleur consommé, ils me racontaient sans défiance leurs tours de passe-passe, et me donnaient même tous les détails possibles de leur singulière