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directions différentes, pour ne pas arriver ensemble sur la place du marché, où commençaient à se rendre en foule les gens des campagnes voisines. Christian, voyant que je m’apprêtais à le suivre, me dit qu’il n’avait pas besoin de moi de toute la journée ; que je pouvais aller où bon me semblerait, jusqu’au soir où nous devions nous revoir chez la Duchesse. Il me remit ensuite quelques couronnes dans la main, et disparut.

Comme dans la conversation de la veille il m’avait dit que je n’étais pas encore tenu de loger avec la troupe, je commençai par retenir un lit dans une auberge. Puis, ne sachant comment tuer le temps, je me rendis au champ de foire : j’y avais fait à peine quatre tours, que je m’y rencontrai nez à nez avec un ancien officier des bataillons réquisitionnaires, nommé Malgaret, que j’avais connu à Bruxelles, faisant, au Café Turc, des parties assez suspectes. Après les premiers compliments, il me questionna sur les motifs de mon séjour à Malines. Je lui fis une histoire ; il m’en fit une autre sur les causes de son voyage ; et nous voilà contents tous deux, chacun croyant avoir trompé l’autre. Après avoir pris quelques rafraîchissements, nous revînmes sur le champ de foire, et dans