Des faits récens ont du reste prouvé que la peine de mort n’était plus en harmonie avec nos mœurs ; les jurés admettent presque toujours des circonstances atténuantes en faveur de l’accusé auquel elle pourrait être appliquée ; une ordonnance, rendue récemment, a supprimé au moins la moitié des exécuteurs et des aides, et il n’y a pas long-temps que, dans une ville considérable, l’autorité ne trouvant pas un ouvrier qui voulût contribuer à l’érection de l’instrument du supplice, fut forcée d’ajourner une exécution. Ces faits, je le crois, parlent assez haut pour dispenser de commentaires plus étendus.
Si l’on veut bien admettre la possibilité de moraliser les hommes, il faut l’admettre pour tous, même pour les assassins. Deux individus, nommés Blanchet et Henri, condamnés au supplice de la roue par la cour de justice de Paris, étaient détenus à Bicêtre lorsqu’éclatèrent les événemens de notre première révolution. Grâce à ces événemens, ils furent oubliés, et bientôt après ils recouvrèrent leur liberté en s’évadant, lors du massacre des prisons en septembre 1793, et la conservèrent pendant plusieurs années. Ils ne furent remis