la fraternité règne dans leurs rangs comme dans les rangs des soldats.
Presque tous les voleurs de profession sont entièrement privés de l’éducation qui seule peut donner à l’homme des notions certaines du juste et de l’injuste, aussi ils exercent leur métier sans éprouver de remords ; le nom qu’ils ont donné à la conscience, la Muette, prouve suffisamment, je le crois, la vérité de ce que j’avance.
Il y a cependant parmi eux quelques exceptions, mais elles sont rares ; ce n’est qu’à de longs intervalles que des Lacenaire, des Verninhac de Saint-Maur, viennent s’asseoir sur le banc de la Cour d’Assises. Mais quoique dépourvus d’éducation, les voleurs cependant en connaissent le prix, et ils ne manquent pas de témoigner de la considération à celui d’entre eux qui en possède, ils sont même désireux d’en acquérir ; ils ont pour lui mille égards, mille complaisances ; ils lui confient la défense de leurs intérêts, et lui donnent le titre d’avocat.
Les voleurs, quelle que soit la classe dont ils sortent, aiment les mauvais lieux ; ils préfèrent la salle enfumée d’un marchand de vin borgne,