lui, vous êtes assez imprudent pour lever la tête, vous etes aux trois quarts perdu.
« Je ne puis vous donner que 17 francs de ce que vous me présentez, dit alors le particulier. — 17 francs d’un objet qui coûte en fabrique 35 francs ! Il faut être bien voleur pour vouloir profiter ainsi de la misère d’un pauvre diable, répond le soldat.» Puis il vous montre l’objet qu’il désire vendre, et il sait si bien s’y prendre, que vous devenez sa dupe.
Les Solliceurs à la Goure vendent de cette manière des parapluies, des rasoirs, des bijoux et mille autres choses encore.
D’autres Solliceurs à la Goure vendent de l’huile d’Aix première qualité, à vingt trois ou vingt quatre sous la livre. Ils colportent cette huile dans des cruches qui peuvent en contenir huit à quinze livres. On goûte cette huile que l’on trouve excellente, et séduit par le bon marché, on se détermine à en faire emplette ; on paie le contenu, et l’on se trouve n’avoir qu’une ou deux livres d’huile, lorsque l’on en a payé huit à quinze : le reste de ce que contient la cruche n’est que de l’eau. Lorsque l’on achète de l’huile, il faut dépoter, c’est le seul moyen de ne pas être dupe.