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EMP

— Prends bien garde de n’en pas perdre encore autant, car c’est un gaillard heureux.»

La conversation en est là lorsque celui dont on parle revient prendre sa place. « Eh bien ! dit-il, continuons-nous notre partie ? — Certes, répond son adversaire ; et si vous voulez me donner ma revanche, je vous joue les 200 fr. que vous m’avez gagnés l’autre jour.

— Non, non ; je ne veux plus jouer d’argent ; mais je vous joue du champagne pour toute la société ; ça va-t-il.

— Ça va, répond l’adversaire, qui paraît piqué au jeu ; du champagne pour tout le monde.

Pendant tous ces pourparlers, on a mêlé les cartes. «  Vous paierez le champagne, dit celui qui doit perdre, en montrant au marchand son jeu, qui est composé du roi, de la dame, du neuf d’atout et de deux rois.

— Peut-être, repond l’adversaire, qui en achevant de donner les cartes, en a tourné deux à la fois. — Je parie que si, dit l’un. — Je parie que non, répond l’autre.»

La discussion s’échauffe, le marchand s’intéresse au jeu ; et, comme il est facile de le supposer, celui auquel il s’est intéressé perd, malgré la beauté de son jeu.