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de Reims ou d’Angers ou l’église de la Chaise-Dieu et sont, en plein XIXe siècle, la résurrection de l’art patient et magnifique des haut-lissiers des ateliers d’Arras.

Burne-Jones fournit la plupart des cartons de ces tapisseries, et ils peuvent compter parmi ses œuvres les plus originales et les plus délicates d’inspiration. La splendeur de son art, à la fois mystique et tendre, s’affirme en particulier dans cette incomparable suite de La Queste du Graal où il évoque la symbolique beauté des aventures et des exploits des chevaliers de la Table Ronde, à la recherche du saint vase dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang précieux du Sauveur sur le Golgotha. Il ne s’agit nullement, on s’en doute bien, de précision archéologique ou de vérité documentaire, mais simplement de beauté. Et Burne-Jones a su retrouver un peu de la grâce naïve des primitifs, de la pureté de leur inspiration. Ce qu’il pouvait y avoir d’un peu raide et hiératique dans les attitudes de ses personnages, les visages presque inexpressifs, tout cela qui nous choque parfois dans ses tableaux et nous laisse l’impression que l’artiste n’est pas arrivé à la complète maîtrise de son métier, convient admirablement à la tapisserie qui requiert plus de simplicité et d’harmonie que de dramatique et s’accommoderait mal de gestes violents et d’attitudes forcées. (Planches XII et XIII.)

La tapisserie dite Le Verger[1] dont Morris dessina lui-même le carton est un merveilleux poème de grâce et de

  1. Conservée au musée Victoria et Albert (Londres).