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avaient dû louer une salle d’exposition et un magasin de vente dans Oxford Street, une des grandes rues élégantes et commerçantes de Londres ; en 1881 les ateliers avaient été transférés à Merton Abbey. En même temps qu’un agrandissement devenu nécessaire, c’était la réalisation d’une idée caressée depuis longtemps par Morris. Reprenant sur ce point une théorie de Ruskin, il pensait que le voisinage d’une grande ville n’est nullement nécessaire à des ouvriers d’art et qu’il peut même leur être dangereux. On parle d’atmosphère artistique, d’excitation créatrice, n’est-ce pas plutôt d’influence déprimante, de spectacle de laideur qu’il faudrait parler ? Quelle beauté y a-t-il dans ces rues malpropres aux maisons lépreuses, quel réconfort dans ce ciel gris de fumée ? A la campagne, au contraire, les ouvriers auront sous les yeux en se rendant à leur travail ou en quittant l’atelier le merveilleux décor toujours changeant des prés, des rivières et des forêts. La nature leur fournira un choix inépuisable de modèles et ils y gagneront aussi plus de sérénité de cœur.

Ses ateliers furent établis sur l’emplacement d’une ancienne abbaye, au bord de la Wandle, dans un site délicieux que M. J.-W. Mackail décrit ainsi : « Le vieux jardin est égayé d’iris et de narcisses au printemps, de roses trémières et de soleils en automne et à chaque été il est rempli du parfum des arbustes en fleurs… Les chintzes sont à blanchir, étalés sur l’herbe semée de boutons d’or ; les bâtiments longs et bas avec le petit ruisseau qui court joyeusement parmi eux, l’escalier