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toute une cuvée. L’impression était faite à la main au moyen de blocs sculptés d’après les dessins de Morris qui, comme pour les papiers peints, fournit la plupart des cartons.

D’un même modèle on tirait parfois plusieurs chintzes en modifiant l’arrangement des couleurs. Le dessin est le plus souvent d’une extraordinaire richesse, d’une complexité qui surprend et qui même dans certains cas (Souci d’Afrique ou Chèvrefeuille par exemple) va jusqu’à l’obscurité et la confusion. Parfois cependant il est plus simple et plus reposé, les courbes capricieuses de la plante s’assagissent en formes stylisées ou géométriques comme dans les motifs : Bouton de Rose, Grenade, Persan.

L’importance de cette production ne saurait nous échapper, elle complète en effet l’effort commencé avec les papiers peints. Ce n’était pas seulement la substitution aux ornements d’autrefois conventionnels et poncifs, d’une décoration plus proche de la nature, plus harmonieuse; c’était aussi le bouleversement de toutes les idées admises jusqu’alors en matière d’art puisque le luxe du goût venait remplacer le luxe riche.

La production des chintzes assura le succès définitif de la société. Les temps difficiles étaient désormais passés et les commandes abondaient, mais il n’était pas dans le tempérament de Morris de se reposer après des succès, quelque mérités qu’ils fussent; il n’y voyait que la possibilité d’ouvrir de nouveaux ateliers pour enrichir encore son programme primitif. En 1877 les associés