Page:Vidalenc - William Morris.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Morris de « vulgariser » l’art comme on le dit quelquefois; il n’avait nul désir d’élaborer une beauté inférieure à l’usage du peuple, pas plus qu’il n’ambitionnait une sorte d’uniformité esthétique dans toutes les classes de la société. Aux riches continueraient d’aller les tapisseries éclatantes et coûteuses, les vitraux d’appartement; mais il voulait que les pauvres eussent aussi leurs tapisseries, elles seraient de papier, mais pour être moins luxueuses elles n’en seraient pas moins belles.

Pour qui sait ce qu’étaient généralement les papiers peints au milieu du siècle dernier il apparaîtra qu’une transformation radicale était indispensable. Encore que certains modèles se vendissent fort cher, ils n’en étaient pas moins prétentieux et de mauvais goût, des critiques avertis avaient pu signaler des feuillages où feuilles et fruits n’appartenaient pas à la même plante, des bouquets de pure fantaisie réunissant des fleurs qui n’existaient pas. Morris apporta à ses papiers peints le même soin dans le dessin qu’à ses vitraux, le même souci de scrupuleuse honnêteté dans l’exécution. Il composa un grand nombre de motifs, empruntés pour la plupart aux plantes qu’il connaissait admirablement et qu’il interprétait avec une extraordinaire richesse d’imagination.

On n’attend pas que nous décrivions en détail chacune des compositions de Morris ; ce serait une énumération monotone et fastidieuse. Nous nous bornerons à dégager les caractères essentiels des principaux dessins, mais sans pouvoir rendre le charme pénétrant de leur coloris.