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Bien que la fabrication des meubles figurât aussi au programme des associés, elle ne fut jamais très poussée. En général on se bornait, dans les ateliers de Morris, à ajouter aux meubles exécutés par d’autres ébénistes une décoration peinte ou de légers bas-reliefs de stuc. Le plus fameux exemple en ce genre est le cabinet décoré en 1861 pour M. John P. Seddon, architecte, et destiné à renfermer ses dessins. Le meuble, d’aspect gothique, avait été dessiné par M. Seddon lui-même. Madox Brown, Rossetti et Burne-Jones collaborèrent à sa décoration en peignant sur les panneaux des figures symboliques des différents arts et la délicieuse légende de la lune de miel du roi René, représentant successivement le roi, le compas, le ciseau ou le pinceau à la main, ou assis devant l’orgue. La tradition veut en effet que le bon roi n’ait pas été seulement un amateur intelligent et un protecteur éclairé des lettres et des arts, mais aussi un artiste très délicat.

Il convient de citer également un autre bahut-cabinet sur les panneaux duquel Burne-Jones avait peint le Conte de la prieure (d’après le Pèlerinage de Canterbury de Chaucer) et un troisième, exécuté en 1863 et décoré par Morris de la légende de saint Georges.

Toutes ces tentatives n’ont rien de remarquable. Sans doute il faut savoir gré aux associés d’avoir répudié le faux luxe, la surabondance de dorures et d’ornements, d’avoir compris qu’il fallait songer avant tout à la destination du meuble et à sa solidité, mais leurs essais sont sans grande originalité. Les plus réussis ne sont guère