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vent et jamais indifférentes. C’est l’époque où s’affirmera le succès de la maison de décoration, où le nom de William Morris commencera à être connu dans toute l’Angleterre, et c’est durant cette période qu’il publiera certains de ses plus beaux poèmes comme La vie et la mort de Jason en 1867, Le Paradis Terrestre en 1868 et 1869. Il est indispensable que nous conservions le souvenir de ces formes multiples d’activité si nous voulons nous faire une idée exacte de son talent. Comme les grands artistes de la Renaissance il semblait avoir le don merveilleux d’universalité, et le magique pouvoir de mener à bien tout ce qu’il entreprenait. Il passait d’un poème à une tapisserie, d’un carton de vitrail à une expérience de teinture avec la même ardeur joyeuse. « Si un homme ne peut pas composer un poème épique en même temps qu’il tisse une tapisserie, disait-il, il vaut mieux qu’il y renonce ! » Boutade sans doute, mais caractéristique de la richesse et de la vigueur de son talent. À l’atelier il était autre chose et mieux qu’un chef qui commande, il était selon le beau titre médiéval, « le maître d’œuvre » dont la présence anime les énergies et dont la compétence, jamais en défaut, permet de triompher de toutes les difficultés. C’est à lui qu’on avait recours aussi bien pour fournir un carton que pour corriger un détail ou trouver une teinte nouvelle. À son école, sous sa direction se formèrent des ouvriers comme le XIXe siècle n’en connaissait plus guère, des artisans habiles et qui en outre avaient au cœur l’amour et l’orgueil de leur métier.