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Dès le début les jeunes gens avaient eu l’appui d’un architecte de valeur : G.-F. Bodley disciple de Scott et que l’on commençait déjà à considérer en Angleterre comme le grand maître en matière d’art religieux. Encore que sa renommée n’eût pas atteint son apogée en 1862, on devine de quelle importance pouvait être son appui. Sur sa recommandation la société reçut la commande de quelques travaux de décoration (surtout des vitraux) pour les églises Saint-Martin de Scarborough et Saint-Michel de Brighton, dont Bodley lui-même avait dressé les plans. Mais ces quelques commandes n’étaient pas suffisantes pour assurer la vie de la société qui végéta jusqu’en 1865.

Morris comprit la nécessité de travailler plus énergiquement que jamais à l’entreprise s’il voulait forcer le succès. Sa fortune personnelle était alors très réduite, les actions de mines de cuivre qui avaient enrichi rapidement son père commençaient à diminuer de valeur, et il craignait la pauvreté, la gêne qui l’aurait privé de ce qu’il appréciait le plus au monde : l’entière liberté dans son travail.

Une surveillance plus attentive des travaux en cours était indispensable. Pour cela, puisqu’il était en fait l’unique directeur, il fallait que les ateliers fussent transférés à Upton ou que lui-même vînt s’installer à Londres. La première solution étant impossible il dut se résigner à la seconde, bien qu’il abominât le séjour de Londres ; il avait en instinctive horreur ses rues malpropres, ses taudis, ses cabarets, son atmosphère pesante et toute