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tions de « Topsy » comme ils l’appelaient familièrement, ils durent reconnaître qu’il s’était merveilleusement tiré des difficultés de premier établissement et que, malgré une installation souvent très sommaire, son ingéniosité avait été rarement en défaut. Plus tard Rossetti pourra apprécier ainsi cette époque héroïque : « Morris venait au premier rang, non seulement parce qu’il était toujours sur place pour travailler, diriger ou négocier les affaires, mais aussi par ses aptitudes extraordinaires et variées pour toutes les organisations pratiques. »

Chaque semaine il réunissait ses amis à Upton et c’étaient alors de joyeux repas, de libres et enthousiastes entretiens sur l’art, sur la beauté et sur les moyens de mener à bien l’œuvre entreprise. Là se discutaient les améliorations à tenter, l’ouverture possible d’ateliers nouveaux ; là se fêtèrent les premiers succès. Après quoi tous se remettaient à la décoration de la Maison Rouge. Burne-Jones y peignait son Histoire de sire Degravaunt et méditait sa série sur la guerre de Troie, Rossetti, plus irrégulier, entreprenait de peindre les panneaux des meubles, et Morris dessinait des cartons de vitraux ou des modèles de tentures qui étaient exécutés sous sa direction dans les ateliers de la Société et portaient la devise de Jan Van Eyck qu’il avait adoptée : « Comme je peux. » Il l’inscrivait aussi sur les murs, et Rossetti, toujours prêt à faire quelque plaisanterie, se leva un jour de grand matin, avant tout le monde, et ajouta hâtivement au-dessous de chacune des devises : « Mais je ne peux pas ». Ebahissement et fureur de Morris