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que son œuvre doit faire partie d’un tout, qu’elle doit s’harmoniser avec d’autres éléments, l’égale dignité de toutes les formes d’art.

Les autres maisons de décoration et d’ameublement accueillirent froidement cet étrange concurrent qui se lançait dans la bataille industrielle et commerciale avec des principes nouveaux et annonçait son intention de réaliser des bénéfices tout en produisant de la beauté. Les confrères jaloux définissaient les novateurs : « un groupe d’amateurs qui ont la prétention de nous apprendre notre métier » et leur froideur ne tarda pas à devenir hostilité. Les railleries ne manquèrent pas, et sur ce point commerçants et artistes firent chorus; on se moquait de cet esthéticien égaré dans l’industrie, de cet artiste que l’impuissance avait conduit aux arts décoratifs.

Les associés ne se laissèrent pas décourager par cette hostilité générale. Morris était là pour stimuler leurs efforts et ranimer leur énergie. Il fut vraiment la cheville ouvrière de la société, il y avait apporté la presque totalité du capital, il y fournit aussi la plus grande quantité de travail. Il y consacrait tous ses instants et fournissait avec une inlassable activité cartons et modèles pour les vitraux, les tuiles peintes, les papiers peints. Il dirigeait la fabrication et n’hésitait pas à mettre lui-même la main à la besogne quand l’ouvrage n’avançait pas assez vite ou qu’une difficulté inattendue arrêtait ses ouvriers. Il se révéla excellent organisateur, les autres avaient beau railler les grands gestes désordonnés et les distrac-