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sa jeune femme un décor merveilleux d’élégance et de beauté ; l’amant et l’artiste s’accordaient pour rêver la demeure la plus accueillante et les meubles les plus harmonieux. Mais les maisons d’alors n’avaient de remarquable que leur laideur prétentieuse et leur incommodité. Construites tout en façade en vertu d’on ne sait quelle esthétique néo-classique qui exigeait un fronton et des colonnes à la grecque, elles étaient froides ou rébarbatives et ne le satisfaisaient pas plus que les mobiliers somptueux et peu confortables que de trop habiles industriels fabriquaient à la grosse et écoulaient à gros bénéfice dans tout le Royaume-Uni. Il se décida donc à se faire construire une maison selon son goût et à la garnir de meubles exécutés d’après ses dessins.

Il acheta à Upton, dans le Kent, un grand verger dans lequel son ami Philippe Webb fit édifier une maison de briques : la Maison Rouge. C’était une simple demeure sans prétention aucune, dans le style qu’on appelle, improprement d’ailleurs, « de la reine Anne » ; une maison claire, spacieuse, au milieu d’un grand jardin. Le vert des pelouses s’y mariait harmonieusement au rouge des murailles. Morris dessina lui-même la plupart des meubles et eut recours à ses amis : Burne-Jones, Rossetti, F. Madox Brown, pour le décor des murs et des panneaux. Il s’était réservé la décoration florale de certaines pièces et commença aussi pour les fenêtres des cartons de vitraux d’un dessin très sobre qui montrent qu’il savait s’affranchir de ce qu’on faisait alors.

Comme aucun des collaborateurs ne pouvait aban-