Page:Vidalenc - William Morris.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de peinture. Un nouveau voyage en Belgique lui avait révélé les primitifs flamands : les Van Eyck, Memling, Van der Weyden, et le décida à se consacrer entièrement à la peinture.

Pour bref qu’ait été son apprentissage d’architecte il n’avait pas été inutile. Morris s’y était familiarisé avec les procédés de construction et surtout il avait compris que l’architecture demeurait l’art par excellence, celui qui permet les grands ensembles décoratifs. Il comprit quels principes de subordination des détails, de mise en valeur des éléments essentiels, d’harmonie générale devaient dominer les rapports des arts entre eux.

Sa nouvelle détermination ne laissa pas d’affecter beaucoup sa mère, c’était à ses yeux une seconde déchéance plus douloureuse et plus lamentable que la première. Elle s’était habituée à l’idée de voir son fils architecte, car après tout, l’architecte demeurait une sorte de commerçant, il avait des bureaux, des employés, il établissait des devis; l’architecture était l’art le moins méprisé et partant le moins méprisable, tandis que la peinture, croyait-elle, était universellement et justement décriée. Peut-être essaya-t-elle de retenir son fils, mais l’influence de Rossetti fut la plus forte et Morris se mit joyeusement à peindre.

Il alla s’établir avec Burne-Jones dans un petit appartement de Red Lion Square où avaient jadis habité Rossetti et Deverell. Ils travaillaient beaucoup, mais ils étaient jeunes et point moroses; les excentricités, les boutades, les fureurs ou les mésaventures de Morris qui