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des hommes les plus intelligents que je connaisse et dont les pensées et les goûts ont beaucoup plus d’affinités avec les miens que ceux de tous les hommes qu’il m’a été donné de rencontrer… Il est plein d’enthousiasme pour les choses saintes, belles et vraies et, ce qui est plus rare, il les comprend et les juge de façon parfaite. Il a imprégné tout mon être de la beauté du sien et il n’est pas un seul don duquel je sois aussi reconnaissant à Dieu que de son amitié. »

Déjà se vérifie une idée qui nous semble fondamentale pour la compréhension de l’œuvre et du caractère de Morris ; c’est qu’il fut avant tout un merveilleux éveilleur d’âmes, il avait le don de susciter des énergies ; à son contact et sous son influence se développèrent des personnalités parfois très différentes de la sienne.

Quand il vint à l’Université il avait dix-neuf ans. C’était un jeune homme de taille moyenne mais solidement charpenté, au visage ouvert, aux yeux francs et vifs, à la chevelure abondante et volontiers en désordre. Ses habitudes et ses goûts contrastaient singulièrement avec ceux de ses condisciples, pour la plupart cérémonieux gentlemen, très soucieux des convenances et grands amateurs de sports.

À Oxford il fut d’abord séduit, comme le sont toutes les âmes éprises de beauté, par le décor prestigieux de la vieille ville universitaire, il en aimait les rues tranquilles, les prairies au bord de la Cherwell, les collèges gothiques aux murs crénelés et couverts de lierre, les « quadrangles » de verdure et toutes les merveilles d’art