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ils se retrouvèrent tous deux pensionnaires à Exeter College, au milieu d’autres étudiants dont les visages leur étaient inconnus, ils allèrent naturellement l’un vers l’autre. « Ils avaient beaucoup de points communs intellectuellement, écrit un de leurs biographes, et chez tous deux il y avait un ferment d’enthousiasme et de fantaisie poétique hérité de leur ascendance celtique et par lequel toute leur attitude en face de la vie moderne devait être déterminée. »

La vie commune à l’Université fortifia une amitié qui devait durer toute leur vie et à laquelle nous devons une collaboration des plus fécondes. On sait, et nous aurons à y revenir, la part de Burne-Jones dans l’œuvre de William Morris ; il lui fournit un nombre considérable de cartons de vitraux ou de tapisseries, des illustrations pour ses poèmes, etc… Pour être moins connue l’influence de Morris sur son ami n’en est pas moins profonde. Par son tempérament vigoureux, son enthousiasme débordant, il virilisa en quelque sorte ce que le talent de Burne-Jones pouvait avoir d’un peu mièvre et efféminé ; il l’empêcha de se cantonner dans la reproduction monotone d’un même type en lui découvrant toute la richesse et toute la puissance de la vie. Nature timide et délicate, le futur peintre du Roi Kophétua et de l’Étoile de Bethléem était peut-être disposé à subir des influences ; il dut à l’amitié de Morris de sentir s’éveiller sa personnalité, de prendre confiance en lui-même. Nous en pouvons croire son témoignage ; en 1853 il écrit : « Je consacre à Morris une bonne partie de mon temps, c’est un