des arts appliqués, nous ne retenons que celles-là, c’est à cause de leurs ambitions particulières. Elles ne se contentèrent pas d’être des instruments de travail pour les artisans, des recueils d’illustrations, mais voulurent s’adresser au grand public, surtout au peuple. Retenons cette phrase significative de M. Rosenthal, qui sert de programme à l’Art social. « La démocratie a besoin d’art, celui-ci est un luxe dans une société où quelques hommes ont le loisir de penser et de sentir, il devient un besoin dans un ordre où chacun doit pouvoir s’élever à la vie supérieure de l’esprit, à la vie véritable.»
Evidemment la portée de pareilles tentatives n’est pas toujours considérable, mais il faut en retenir l’impression d’un effort d’ensemble, et à qui sait voir il apparaîtra qu’une évolution s’ébauche dans notre art décoratif contemporain. À côté des groupements d’amateurs sympathiques, de littérateurs ou de critiques, nous avons pu voir des artistes qui, comme Morris, voulurent être aussi des maîtres d’ œuvre et contribuèrent, sinon à créer un style nouveau, du moins à en préparer la venue. C’est la gloire de maîtres admirables comme Emile Gallé, comme Victor Prouvé, comme Lachenal, comme Frantz Jourdain et Francis Jourdain d’avoir par leurs écrits et leur exemple réhabilité le travail manuel de l’artisan, d’avoir compris que l’art du XXe siècle devait être démocratique.
Le mouvement ne devait pas se borner à quelques efforts individuels. En 1906 les artisans ne se contentèrent plus de l’hospitalité que leur offrait la Société