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vérité la plus absolue, la plus intransigeante dans toutes ses œuvres. Et il l’obtient en travaillant jusqu’au moindre détail d’après nature, et seulement d’après nature. »

Le mouvement préraphaélite est trop connu pour que nous ayons à en faire ici l’historique, et il nous suffira de rappeler l’essentiel de sa doctrine. Tout en rendant justice aux qualités de technique de Raphaël, à la pureté de son inspiration, les préraphaélites lui reprochaient d’avoir introduit dans l’art un principe fâcheux : la formule. À leurs yeux son œuvre marquait donc une déviation, une erreur dans l’évolution de la peinture. « Ce fut, écrit Holman Hunt, par un petit esprit de paradoxe que nous convînmes que Raphaël, le prince des peintres, était l’inspirateur de l’art du jour, car nous savions bien à quel point la pratique des maîtres contemporains diffère de celle du maître qu’ils invoquaient… Ni alors, ni plus tard nous n’avons nié qu’il y ait eu beaucoup d’art sain et grand après l’époque de Raphaël, mais il nous semblait que l’art postérieur était si souvent entaché de corruption, que c’était seulement dans les œuvres plus anciennes que nous pouvions trouver la santé. »

Bien accueillis tant qu’on ignorait leurs intentions sacrilèges, les jeunes artistes n’avaient pas tardé à voir se dresser contre eux la masse du public et des critiques. On alla jusqu’à demander en 1851 que leurs toiles fussent retirées du salon de la Royal Academy qu’elles déshonoraient.

Mais l’intervention de Ruskin fut décisive. Dans deux