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rations des cathédrales de Lichfield et de Tewkesbury et elle réussit à conjurer le mal. Morris avait pris ses fonctions au sérieux et déployait une extraordinaire activité. Son ardeur et son enthousiasme étaient si communicatifs, qu’il amena même Burne-Jones, le timide Burne-Jones, à prendre la parole en public lors d’une réunion de protestation organisée en 1879 pour tenter de sauver Saint-Marc de Venise des architectes.

Il ne faudrait pas cependant voir en Morris une sorte d’archéologue amoureux seulement du passé et des vieilles pierres. Comme Ruskin il aimait surtout la vie, la seule richesse et il eût volontiers souscrit à ces paroles du maître : « Plutôt voir détruire toutes les merveilleuses femmes peintes et sculptées des collections du Louvre que de voir une seule jeune fille s’étioler de faim ou de fatigue dans les faubourgs », et lui-même écrira : « Bien que j’aime chèrement l’art, je l’apprécie surtout comme un indice du bonheur du peuple, et j’aimerais mieux qu’il disparût du monde que de voir la masse du peuple en être opprimée. »

C’est parce qu’il aimait la vie, qu’il aurait voulu la rendre plus belle, plus heureuse pour tous, qu’il tenta de mettre un peu de beauté dans le décor familier du home, et c’est en recherchant les causes de l’extraordinaire médiocrité des arts industriels de son temps qu’il comprit que ce n’était là qu’un des aspects de la question sociale et se tourna vers le socialisme comme vers le seul remède possible.

Il ne faut pas nous attendre à trouver chez lui un