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œuvres aussi dissemblables que le roman de Renart et les poèmes de Shelley, l’Utopie de sir Thomas Morus et des poèmes de Rossetti, la Légende dorée et les Nouvelles de nulle part. C’est la preuve de la grande compréhension de Morris, de l’ardeur avec laquelle il poursuivait cette tâche d’éducation qui lui semblait être le devoir essentiel de sa génération. Le livre lui apparaissait comme un merveilleux moyen d’affranchissement, et le métier d’imprimeur comme un des plus nobles qui soient. Si grande était la confiance qu’il inspirait, que ses ouvriers, dès le début, ne doutèrent pas du succès et que l’un d’eux pouvait dire, résumant l’opinion générale : « S’il avait vécu cinq années de plus, il aurait certainement entrepris quelque chose d’autre, nous ne savons pas quoi, mais nous sommes bien certains qu’il aurait réussi. »

Les débuts furent assez pénibles cependant, parce que tout était à créer et que Morris ne pouvait trouver chez les fournisseurs habituels les matériaux dont il avait besoin, du moins tels qu’il les souhaitait.

Il condamnait en effet la plupart des papiers employés, les papiers couchés notamment, il trouvait disgracieux les caractères en usage et fâcheuse la disposition des lignes dans la page. L’illustration même, malgré d’honorables exceptions, lui semblait le plus souvent faite sans intelligence, sans qu’on se préoccupât de la collaboration de l’auteur et du dessinateur. L’anecdote souvent citée à propos du fameux dessinateur et caricaturiste John Leech est significative à cet égard ; ayant à illustrer un