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et qu’illustrèrent les exploits ou la mort de Brynhild et de Sigurd.

C’est avec un véritable sentiment de piété que Morris aborda cette terre qui était pour lui une Terre promise. Il allait en Islande comme les fervents de l’art antique vont en Grèce, comme les admirateurs des primitifs font le pèlerinage de Florence ou d’Assise. Il s’attarda en des paysages désolés, d’une majestueuse tristesse et qui laissent dans l’âme une sorte de terreur, il y eut la révélation d’un art, barbare encore, mais plein de grandeur et d’émotion, et il devait s’en souvenir dans ses poèmes.

En 1873, il fit en Islande un second voyage avec Faulkner et Henry Middleton, voyage plus long et plus accidenté encore que le premier, et dans les « Notes » qu’il rédigea alors, nous pouvons voir l’influence profonde qu’exerça sur lui le décor sauvage ou mélancolique. Retenons cet aveu décisif : « Le voyage a renforcé l’impression que j’avais de l’Islande et fortifié mon amour pour elle. La glorieuse simplicité de cette terre tragique et terrible, mais vraiment belle, avec tous les exploits de héros que je me remémorais tua en moi tous les sentiments importuns et me rendit plus précieux que jamais les chers visages de ma femme et de mes enfants, l’amour et l’amitié. J’ai l’impression qu’une époque de ma vie est maintenant écoulée… Sûrement ce ne fut pas une inutile toquade qui m’attira là-bas, mais bien le véritable instinct de ce qu’il me fallait. »

Il nous semble que les biographes de Morris n’ont pas assez insisté sur ces voyages, ni montré combien cette