chacun d’eux ayant conservé d’autres occupations au dehors. Il assumait à lui seul le lourd fardeau de la direction artistique et des responsabilités financières, il essayait de mettre quelque harmonie dans des inspirations parfois très différentes, de coordonner des efforts très dissemblables. Il était très populaire dans ses ateliers parce qu’il ne s’épargnait pas lui-même, qu’il était toujours prêt à payer de sa personne et aussi parce qu’il avait réussi à intéresser les artisans à leur œuvre en les affranchissant de la dure servitude de la machine. Bien qu’il soit souvent difficile de préciser sa part dans une production déterminée, il faut bien reconnaître que sans lui l’entreprise entière eût avorté. Nous ne voulons point diminuer le mérite de ses collaborateurs, nous savons tout ce que Morris doit à Philippe Webb, à Madox Brown, à Burne-Jones surtout, mais nous pensons que malgré tout c’est à lui que doit revenir la gloire de l’œuvre accomplie.
Les vieux préjugé de la hiérarchie des arts persiste en nous, quelquefois même à notre insu et malgré nous. Même dans les arts mineurs nous faisons une sorte de classification; le vitrail, la tapisserie qui ont des aïeux nous semblent avoir une noblesse particulière et mériter l’attention; œuvres uniques, de grand luxe pour la plupart, elles échappent à la vulgarité et nous consentons à accorder quelque mérite à l’artiste qui en dessina les cartons. Cette concession même est insuffisante, nous voulons rappeler ici que l’artisan anonyme qui, sur le métier ou l’établi, réalisa la tapisserie et le vitrail a droit