Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/528

Cette page n’a pas encore été corrigée

de routes à deux époques assez éloignées pour accentuer les différences d’abord sous la domination romaine, puis à la fin du XVIIIe siècle.

II VOIES ROMAINES

On ne peut parler d’un système de routes dans notre pays qu’à partir de la domination romaine. Sans doute un grand nombre de voies romaines s’adaptèrent à une circulation 

antérieure, qui était loin d’être inactive. Mais elles la systématisèrent ; et c’est là précisément ce que fait ressortir le tableau, si incomplet qu’il soit, qu’on peut tracer à laide des itinéraires. Elles constituèrent un réseau, auquel fut assigné un centre. Lyon, dit Strabon, est le centre des Gaules : entendez dune contrée dont la Méditerranée et les Alpes, le Rhin et l’Océan forment le cadre. De grandes voies transversales se greffent sur un tronc qui suit la vallée du Rhône ; elles gagnent le Pas de Calais, l’embouchure de la Seine, celles de la Loire, de la Charente et delà Gironde. Le tracé général se rapproche distinctement des principales directions fluviales. Nettement se traduit l’idée-maîtresse que les anciens s’étaient formée de notre pays ; médiateur naturel entre l’Italie et l’Océan.

Quelques traits cependant sont à remarquer. Ainsi l’importance particulière de la région entre la Seine, la Meuse et l’Escaut, base des relations avec l’île de Bretagne et avec les pays rhénans, se dessine déjà par le resserrement des mailles du réseau. Les avantages inhérents à la position de Paris se laissent entrevoir : toutefois rien encore n'annonce clairement la prédominance future de ce point. C’est plus au Nord que se trouvent les nœuds principaux de communication. 
Ce que furent ces voies romaines dans la vie passée de notre pays, nous avons eu souvent l’occasion de l’exprimer. Elles régirent longtemps le commerce, les expéditions militaires, le développement des foires et des villes. Les intérêts qui s’y étaient fixés ou qui s’appuyaient sur elles, s’opposèrent sans doute pendant longtemps à des modifications ultérieures inspirées par des intérêts nouveaux. Ceux-ci pourtant prévalurent à la longue et imposèrent un notable changement à la physionomie du réseau. Quand on compare au système des voies romaines celui qu’avait accompli à la fin du XVIIIe siècle la monarchie française, on dirait un feuillet sur lequel on aurait tiré des épreuves différentes. 

III SYSTÈME DE ROUTES A LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE

Le réseau de voies postales, organisé par Colbert et perfectionné par le Corps des Ponts et Chaussées de Louis XV, comprend toutes les voies du Royaume sur lesquelles une circulation régulière, et rapide à la mesure du temps, était assurée. Il est antérieur à la grande révolution qui a transformé la vie moderne : nous voulons parler, non de la révolution politique, mais de celle qui s’est opérée dans les moyens de transport au milieu du