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CHAPITRE DEUXIÈME

LA LORRAINE

I. LA MOSELLE. || II. LIMITES NATURELLES DE LA LORRAINE. || III. SOL ET RELIEF DE LA LORRAINE. || IV. PLATEAU LORRAIN. i| V. LE SAULNOIS. || VI. PAYS AGRICOLES. || VII. POPULATIONS DU PLATEAU LORRAIN. || VIII. LES COTES ET TERRASSES LORRAINES. || IX. VIE URBAINE. || X. PASSAGE DE TOUL.

I LA MOSELLE


LE MOT Lorraine est un nom historique qui, après avoir flotté des Vosges aux Pays-Bas, a fini par se fixer dans la région de la Moselle. Là s'est constitué un petit Etat qui a assuré la conservation du nom. De même qu’après des fortunes diverses le nom de France a reçu du Royaume sa délimitation et sa sanction définitives, celui de Lorraine s'est finalement adapté à la partie de son ancien domaine où naquit une individualité politique. Mais sous cette création en partie artificielle, on retrouve une région géographique qui la dépasse et la complète. Celle-ci ne s’étend pas jusqu’aux Pays-Bas assurément ; il y a entre ces deux parties du vieux royaume lotharingien toute l’épaisseur de l’Ardenne et de l’Eifel. Mais elle correspond à un faisceau fluvial nettement individualisé, celui de la Moselle. Sur le plan incliné qui se déroule à l’Ouest des Vosges, toutes les rivières ont été entraînées vers un sillon qui s’est creusé de bonne heure par affouillement au pied des roches calcaires de la bande oolithique1. Les couches marneuses qui en constituent la base off"raient à l’érosion une proie facile. Des environs de Mirecourt à ceux de Thionville, sur plus de 120 kilomètres, cette zone de moindre consistance traçait le lit prédestiné dune rivière maîtresse, apte à recueillir toutes les eaux du versant occidental des Vosges. La Moselle, non sans tâtonnements, finit par s’installer, à Frouard. dans cette dépression. La pente qui l’attirait vers le Bassin de Paris fut en concurrence avec celle qui sollicite vers le Nord les eaux de la région rhénane : c’est celle-

I. Voir figure 121, pi. 64-