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inverses. Elles finissent bien par revenir après un trajet plus ou moins long au fleuve central : le Neckar plus directement ; la Moselle au prix d’un long circuit, et seulement par une voie détournée et sinueuse à travers les solitudes du massif schisteux. Mais, dans cette indépendance de développement, des attractions en sens divers ont tout le temps de se faire jour. La Moselle, continuée par la Meuse, à laquelle elle a jadis donné la main, incline vers le Bassin de Paris. A la suite des vigoureux empiétements qu’ont poussés vers le Nord la Saône et ses premiers affluents, la Lorraine a été profondément mêlée, d’un autre côté, à la Bourgogne. Elle obéit ainsi à des attractions spéciales, qui n’ont rien de commun avec celles des contrées qui lui sont symétriques à l’Est de la Forêt-Noire.

Puis, ces accidents ont produit dans le relief des inégalités assez fortes pour que les climats présentent d’assez notables différences. Là aussi est un principe de divergences dans l’aspect du pays et les mœurs des habitants. Il suffit pour le moment de signaler ces causes. Dans l’ensemble tectonique de la région rhénane, des contrées se détachent, ayant leur vie propre, gardant un certain degré d’autonomie naturelle. Trois exemples, ou plutôt trois types, se présenteront à nous : les Vosges d’abord, puis la Lorraine et enfin l’Alsace. Si étroitement apparentées qu’elles soient par leur origine, ces contrées, en vertu même des lois physiques de leur évolution, n’ont pas cessé d’accentuer leur individualité propre. Relief, hydrographie, climat se sont développés dans le sens de diversité croissante.